Un château breton
A la fin des années 1850, sous le Second Empire, Charles Chauveau est un bel officier d'origine champenoise d'à peine trente ans lorsqu'il rencontre la princesse russe Zénaïde Youssoupoff, née Narischkine, à la cour de Napoléon III.
En France, cette amie de la princesse Mathilde vit dans sa villa du Parc des Princes (4, avenue Robert Schuman à Boulogne-Billancourt), beau bâtiment habité ensuite par le Grand-Duc Paul de Russie, actuel collège Dupanloup. A la tête d'une immense fortune, la princesse Zénaïde est de vingt-cinq ans l'ainée de Charles, et veuve. Elle s'éprend de lui, lui achète deux titres nobiliaires (comte de Chauveau et marquis de Serres), l'épouse à Saint-Pétersbourg.
La nouvelle position sociale du comte lui permet alors d'ambitionner une carrière politique. Justement un siège de conseiller général se libère à Concarneau, dans le Sud-Finistère. Afin de pouvoir se présenter aux élections, le jeune candidat doit acquérir une résidence dans la circonscription qu'il convoite. Il recherche donc une propriété, est élu en 1860 et achète personnellement, en 1862, le domaine de Keriolet, en Beuzec-Conq (la commune ne sera rattachée à Concarneau qu'en 1945).
Remontant au 15ème siècle, le manoir, bâtisse relativement modeste, ancienne propriété des Kéryollet, des Trédern, des Kersalaun, est entourée de près de cinquante hectares. Mais l'endroit, avec ses hautes futaies, proche de l'océan et du Moros qui coule en contrebas, est plein de charme. La princesse, désireuse de s'éloigner aux beaux jours de la vie parisienne, est séduite.
Grâce à sa fortune, elle va permettre à son époux de transformer l'endroit à sa guise. Il lui en coûtera la coquette somme d'1,5 million de francs-or. Le manoir du Moros, domaine voisin et ancienne propriété d'Abraham Duquesne, est également acheté par le couple et remanié, dans des proportions moindres que Keriolet, par Joseph Bigot.
La mort du comte de Chauveau.